L’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Pierre Michel Brunache, a été l’invité de la matinale de Magik9 le mercredi 10 août. Il était interrogé à propos du récent communiqué de l’Organisation des Etats américains, qui fustige l’action de la communauté internationale en Haïti. Dans son réquisitoire, l’organisation régionale estime qu’il faut mettre un terme à la domination des bandes criminelles en Haïti. Elle croit toutefois que les ressources humaines, financières et matérielles doivent provenir en majeure partie de la communauté internationale. « Haïti ne dispose pas des ressources humaines préparées et formées pour ce faire, elle n’a pas de capacités dans son accumulation financière, elle ne dispose pas des capacités techniques nécessaires pour faire face à la situation d’insécurité à laquelle elle est confrontée », peut-on lire dans le communiqué publié par l’OEA.
Invité à réagir à cette assertion, Pierre Michel Brunache estime qu’il s’agit tout simplement d’une demande de mise sous tutelle d'Haïti. « Il ne faut pas se mentir. On veut mettre le pays sous tutelle parce qu’il ne dispose pas de ressources humaines et financières pour se relever. C’est ce que préconise le communiqué. Ce n’est pas un constat d’échec de la communauté internationale en Haïti », a-t-il analysé. « On constate que la communauté internationale souhaite abandonner Haïti. L’OEA s’y oppose et veut en revanche que le pays soit mis sous tutelle », a-t-il ajouté.
Plus loin, Pierre Michel Brunache a indiqué que dans le communiqué, l’OEA reproche à la communauté internationale d’utiliser une approche trop « soft » (souple) en Haïti. « C'est une approche de tromperie, dans laquelle les interlocuteurs se mentent. Les acteurs internationaux avancent qu’Haïti est un pays souverain mais usent de leur influence à travers des moyens financiers, des consultants, etc. Cette fois, l’OEA veut une présence plus importante et un contrôle beaucoup plus direct. C’est ça la plaidoirie. L’OEA estime qu’Haïti est un État failli, un État en déroute avec une société en déroute qui ne pourra pas se relever sans le contrôle total des structures sécuritaires, économiques ... de la communauté internationale. Le communiqué souhaite une occupation totale du pays », note l’ancien ministre de la Justice.
Au départ de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) la police haïtienne s’est retrouvée seule sur le terrain, sans une véritable préparation, avec toutefois la mission d’assurer la sécurité du pays. Si la force onusienne était constituée à la fois d’une composante militaire et d’une composante policière, Brunache fait remarquer que la police s’est retrouvée toute seule, dépourvue du plan de développement qui avait été envisagé auparavant. Selon lui, l’absence d’une force militaire en complémentarité avec la police ne profite pas au pays « Le plan n’avait pas été appliqué à la lettre. Cela provoquait des inquiétudes qui, toutefois, étaient faibles par rapport aux appels au départ de la MINUSTAH. De plus, la communauté internationale était hostile au retour de l’armée d’Haïti. Il y a toujours une volonté à l’international pour empêcher le rétablissement de l’armée. Ils ont dépensé beaucoup d’argent pour débarquer dans le pays en 1994 et l’ennemi c’était l’armée. Toutes les tentatives du président Martelly pour remobiliser l’armée étaient tuées dans l’œuf. Si cela a été réalisé quelques années plus tard, il reste qu’il s’agit d’une force embryonnaire. C’est ce qui explique que nous n’ayons pas une armée en renfort de la PNH dans le cadre des opérations actuelles », a fait remarquer Me Brunache. « La problématique de l’insécurité est très grave. Nous n’avons pas de force de sécurité suffisante pour faire face au problème. Il faut résoudre le problème en nombre, en qualité et en matériel », a-t-il plaidé.
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